Fonction exponentielle
Introduction 
De nombreux phénomènes physiques ou économiques simples
peuvent être modélisés par une fonction 
f vérifiant, pour tout réel 
x  d'un intervalle 
I,  
 où 
k est un coefficient réel. 
D'où l'importance pratique des équations différentielles du type  
y' = k y avec 
k constante réelle.
  
    	Exemple de la  décroissance radioactive : 	
	On admet que dans les corps radioactifs, la proportion  de noyaux	qui se désintègrent pendant une durée de temps  est	proportionnelle à cette durée. L'évolution du nombre N(t) de	noyaux du corps au temps t se modélise alors par la loi	suivante, où   est une constante positive, dépendant	seulement du corps radioactif :
 est une constante positive, dépendant	seulement du corps radioactif :	
	 
ce qui équivaut à 
	  pour tout  .			Pour de petits intervalles de temps  (), on assimile l'expression de gauche au nombre dérivé 
N'(
t). La	loi prend la forme d'une 
 équation différentielle, càd une	équation qui met en relation la fonction 
N et sa fonction	dérivée 
N' :	
	   d'où    pour tout .	 	Ainsi la fonction 
N est solution de l'équation	différentielle  sur . 	
 
Il est assez facile de montrer que si l'on sait résoudre l'équation différentielle 
y' = 
k y  avec  
k = 1,  alors on sait résoudre les équations 
y' = 
k y avec 
k quelconque.
On va s'intéresser plus particulièrement à  l'équation 
y' = y  et l'on va chercher les éventuelles solutions de cette équation différentielle
en imposant comme condition initiale 
y(0) = 1.
Plan
  
  
1. Définitions
Conjecture d'existence : Grâce à la méthode d'Euler on conjecture l'
existence d'une fonction 
f  dérivable sur 

 telle que  
f' = 
f et 
f(0) = 1.
 
Lemme : Si 
f est une solution de l'équation différentielle 
y' = 
y sous la condition initiale 
y(0) = 1, alors pour tout réel 
x on a 
f(
x) 
f(-
x) = 1.  Par suite la fonction 
f ne s'annule pas sur 

.
 
  
    
Démonstration : 	On pose  . On montre que 
h est dérivable sur 

 et  que pour tout réel 
x on a 
h'(
x) = 0. La fonction 
h est donc constante. Or pour 
x = 0, on a 
h(0) = 1, d'où 
f(
x) 
f(-
x) = 1 quel que soit le réel 
x. 
 
Propriété d'unicité : Si 
f et 
g sont solutions de 
l'équation de l'équation différentielle 
y' = y sous la condition initiale 
y(0) = 1, alors 
f = g.
  
    
Démonstration : 	 Le quotient  est défini sur 

 puisque 
g ne s'annule pas  (cf. Lemme) et dérivable sur 

 comme produit de fonctions dérivables. On montre alors que  pour tout réel 
x. Donc 

 est une fonction constante. Or pour 
x = 0, on a , d'où 
f(
x) = 
g(
x) quel que soit le réel 
x. 
 
Définition  : 
On appelle fonction exponentielle, et on note exp, l'unique fonction dérivable sur 
 solution de l'équation différentielle 
y' = y et vérifiant la condition initiale 
y(0) = 1.
 
solution de l'équation différentielle 
y' = y et vérifiant la condition initiale 
y(0) = 1.
 On appelle nombre de Neper, et on note e, l'image de 1 par la fonction exponentielle. On a donc :  e = exp(1).
 
  
  
2. Propriétés algébriques
Lemme : Pour tout réel 
x on a : 
.
On en déduit que la fonction exponentielle ne s'annule pas sur 
 .
.
  
    Démonstration : on montre que la fonction  est dérivable sur 

 et que	
h'(
x)=0 pour tout réel 
x ; on en déduit que la fonction 
h est constante ; or pour 
x=0 on a 
h(0)=1.
 
Théorème : 
Pour tous réels 
x et 
y on a : 
Pour  tout réel 
x et tout  entier relatif 
n on a  : 
.
  
    Démonstration : 
	Pour un réel 
y quelconque fixé, on montre que la fonction  est dérivable sur 

 et que	
h'(
x)=0 pour tout réel 
x ; on en déduit que la fonction 
h est constante ; or pour 
x=0 on a 
h(0)=1.	
 La seconde égalité se  démontre d'abord par récurrence sur 

. On la prolonge à 

 sachant que    (cf. Lemme).
 
Notation puissance : La fonction exponentielle prolonge aux réels les règles usuelles des exposants entiers.
Pour  tout  entier relatif 
n on a en effet : 
.
On étend la notation puissance à tout réel 
x : 
.
Pour tous réels 
x et 
y, on a  donc les règles suivantes :
Propriété : Pour tout réel 
x on a : 
.
  
    Démonstration :	 d'après les propriétés algébriques de la fonction exp on a : 
 	Donc  est un réel positif dont le carré est égal à 	 ; c'est donc la racine carrée de .	
Le nombre e  est un irrationnel, comme 
 ou 

. Sa valeur exacte c'est e !
Dans un calcul exact, on exprimera donc le résultat en fonction de
e. 
Pour un calcul approché,  on utilisera
une approximation  : e 

 2,7182818...
 Exercices : 
Notation puissance
Réécriture sous forme d'une seule exponentielle (1)
Réécriture sous forme d'une seule exponentielle (2)
  
  
3. Variations et Limites
Sens de variation
 Par définition, la fonction exponentielle est dérivable sur

 et sa fonction  dérivée est identique à elle-même.
pour tout réel 
x, on a  
Lemme  :  La fonction exponentielle prend des valeurs strictement positives : 
pour tout réel 
x, on a  
ex > 0
  
    Démonstration : Pour tout réel 
x on peut écrire . Or le carré d'un réel est un nombre positif ou nul. Par ailleurs on sait que la fonction exponentielle ne s'annule pas sur 

. Donc, la fonction exponentielle est strictement positive sur 

.
 
 Thérorème :  La fonction exponentielle est une fonction strictement croissante sur 

. Elle réalise une bijection de 

 sur 
.
 
  
    Démonstration : conséquence immédiate des deux propriétés précédentes.
Position relative avec la tangente à l'origine
| 
La tangente à la courbe de la fonction exponentielle au point d'abscisse 0 a pour équation   
. 
Propriété : La courbe de la fonction exponentielle est entièrement située
au dessus de sa tangente à l'origine :
 pour tout réel 
x, on a 
 |  | 
  
    Démonstration : On étudie le sens de variation de  la fonction  et on montre que 

 atteint un minimum en 
x = 0. Or la valeur minimale de 

 est 0. Par suite les valeurs  sont toutes positives ou nulles, quel que soit le réel 
x.
 
Limites à l'infini
 
Thérorème :   
   et   
 
  
    	Démonstration :
 	Limite en  : On sait que  pour tout réel x, . Or  donc   (théorème de comparaison pour les limites).
	Limite en  : On sait que pour tout x, . Or , donc par inverse  . D'où .	
 La courbe de la fonction exponentielle admet l'axe des abscisses comme asymptote horizontale  en 
.
Croissances  comparée entre 
ex et 
xn 
En 
 la fonction exponentielle croît beaucoup plus vite
que les fonctions puissance 
.
Théorème (croissance comparée) : 
Pour tout entier naturel 
n,   
En 
 l'exponentielle de 
x est un infini petit qui l'emporte sur toute puissance entière de 
x.
Théorème (croissance comparée) :
Pour tout entier naturel 
n,   
 On mémorise ces propriétés en disant que " l'exponentielle l'emporte sur
les puissances ".  
 
Courbes respectives sur [-3 , 4] de la fonction  exp et de la fonction carré 
Exercice : 
 
Choisir des exercices sur les limites.
  
  
4. Exponentielle d'une fonction u : composée exp(u)
Soit 
u une fonction définie et dérivable sur un intervalle 
I.
La composée 
 est la fonction définie sur 
I par : 
.
On la note indifféremment 
 ou 
eu.
Si 
u est  dérivable sur 
I alors la fonction composée 
eu est dérivable sur 
I et l'on a la formule de dérivation : 
Théorème (dérivée d'une exponentielle) :  Si la fonction 
u est dérivable sur 
I alors la composée 
 l'est aussi et : 
 
 
C'est à dire, pour tout réel 
,   
.
-   Si 
f est   définie sur 
 par   
, alors pour tout réel 
x, on a 
. par   
, alors pour tout réel 
x, on a 
.
 
-  
 Exemples   (cliquer sur l'icône pour changer les données) : 
 Soit 
f la  fonction définie sur par   
. par   
.
 avec 
. 
f est dérivable sur et, pour tout réel 
x on a : 
 
 
 
. et, pour tout réel 
x on a : 
 
 
 
.
 
Exercices : 
Calculer la dérivée d'une composée exp(u)
Calculer la limite  d'une composée exp(u)
Etude d'une fonction du type \(x \mapsto (a x+b)e^{kx})
Etude d'une fonction du type  \(x \mapsto a x+b + e^{kx})
  
  
5. Logarithme d'un réel strictement positif
On a vu en 3. que la fonction exponentielle  réalise une bijection de 

 sur 
. Elle admet donc une bijection réciproque, définie sur 
 et à valeurs dans 

.
Ainsi, tout réel strictement positif 
b
admet un unique antécédent 
a par la fonction exponentielle.
On nomme cet antécédent  le logarithme népérien de 
b et 
on le note 
 ou 
. 
 L'équation 
, où 
, admet une solution unique  
.
 
Définition  : On appelle fonction logarithme, et on note  
, la bijection réciproque de la fonction exponentielle.
Conséquences immédiates : 
La fonction 
 est définie sur  
 et prend ses valeurs dans 

.
On a :  
 et 
 
Propriétés : Les fonctions 
 et 
 étant bijections réciproques l'une de l'autre on a  :
- pour tout réel  
x,    
 
-  pour tout réel 
,    
  
- pour tout réel 
x et pour tout réel  
, 
 
- 
les courbes respectives des fonctions exp et ln sont symétriques l'une de l'autre par rapport à la diagonale d'équation 
 
NB : Le logarithme d'un réel strictement négatif n'est pas défini !
Exercice : 
Simplifier une expression
  
  
6. Equations et inéquations avec exponentielles
Les équations ou inéquations suivantes sont résolvables algébriquement.
| Si 
c > 0, alors | Si 
c > 0, alors | 
| Si 
, alors l'équation 
e u = c n'a pas de solution. | Si 
, alors l'inéquation 
e u < c n'a pas de solution. Si 
, alors l'inéquation 
e u > c est toujours vraie.
 | 
|  |  | 
Exercices : 
Résolution guidée d'une inéquation du type   \(c*e^{a x+b} > d)
Etude guidée du signe d'une expression  du type  \((a x+b)*e^{c x+d})
Etude guidée du signe d'une expression du type   \(c*e^{a x+b} + d)
Remarque :  
En dehors des  cas précédents, on ne sait en général pas résoudre  une (in)équation avec exponentielle par le calcul algébrique. 
On peut parfois, par un changement de variable,  se ramener à une équation polynomiale résoluble algébriquement.
Sinon, on utilise une méthode de résolution approchée.  En général, on se ramène à résoudre l'équation 
f(x) = 0. On étudie les variations de la fonction 
f ;  on localise les éventuelles solutions en appliquant le  théorème de la bijection dans des intervalles bien choisis ; puis on  encadre chaque solution à une précision voulue au moyen de la calculatrice...
    7. Primitives
  
  
7. Primitives
Théorème : 
Soit 
u une fonction dérivable sur un intervalle 
I.
La fonction 
 admet comme primitives toutes les fonctions 
 où 
C est une constante réelle, et seulement celles-ci.
Une primitive de 
 est donc 
     (pour 
)
 
 Exemples   (cliquer sur l'icône pour changer les données) : 
Soit 
f la  fonction définie sur 
 par   
.
 par   
. 
Alors 
f admet comme primitive la fonction 
F définie par :
.
Toute autre primitive 
G de  
f s'écrit :  
   où 
C est une constante réelle.
Exercice : 
Primitives d'une exponentielle